Textes anciens

Aux pieds du mal

Aux pieds du mal à genoux,
des lances acérées dardent les muscles en rythme régulier.
J’essaie de m’habituer,
comme j’apprécierai le rythme d’une musique endiablée.

Je me suis ignorée, tu me le fais payer,
sournoise,
lassante
si tu me laisse parfois m’enfuir c’est juste pour mieux me rattraper.

Entre toi et moi c’est un combat permanent,
celui du corps et de l’esprit,
une étreinte sans relâche dans un terrible ébullition
à l’image de la colère qui m’envahit.

Quel message tentes-tu de me livrer ?
La clé pour me délivrer d’un mal
Je ne comprends pas tes codes, trouve un autre moyen,
Que m’abattre pour te faire entendre,
Me faire souffrir pour arriver à tes fins.

Ce combat est vain
la fatigue embrume mon esprit,
quand ce ne sont pas les remèdes qui pour te battre l’anesthésie,
j’entends quand même au loin ces voix qui m’interpellent,
dans un langage incompris, j’entends seulement leurs cris,
ils viennent et me laissent, inerte.

On m’a promis que tu deviendrais un mauvais souvenir,
et je nourris mes espoirs de ce jour,
je pourrai enfin dire
je suis guérie.

@andreajinycloud
Mars 2010

Le clown triste

Il est de ceux qui rient sans cesse, pour qui la vie est une fête, un perpétuel amusement.

Il danse et chante la vie au bras de ses compagnons comme si chaque jour était le dernier, comme s’il n’avait jamais été blessé. Et pourtant, à lui non plus, la vie n’a pas fait de cadeaux.

Il voue son sourire à ceux qu’il aime et même souvent à ceux qui ne lui rendent pas. Car un de ses sourires en vaut dix de ceux qui lui sont rendus. Son visage buriné ne laisse apparaître que quelques rides du sourire, et ses yeux sont toujours clos derrière ses éclats de rire.

Il chante et s’époumone sur des accords de guitare, des airs d’accordéons, des chansons populaires, et fredonne encore certains soirs de douces comptines, celles-là même qu’ils susurraient à leurs oreilles pour les endormir.

La voix graveleuse de tabac et d’alcool, le ventre bedonnant il s’en retourne au petit matin, le cœur gros de tous ces sourires, ces poignées de mains et de joyeuses plaisanteries, qui pour certains n’ont l’air de rien.

Il s’en retourne chez lui, retrouve femme et enfants, plus jamais présents que dans son cœur et sur des cadres suspendus aux murs. Les enfants ne sont plus couchés dans leurs petits lits, sa femme ne l’attend plus, assoupie au coin du feu, lasse de ces soirées de débauche.

Comme avant, il titube encore et se cogne avant de tomber sur un canapé usé. Un dernier verre, et il pensera qu’il avait de la chance de les avoir, repensant au temps où il pouvait encore aller leur murmurer qu’il les aimait avant de s’endormir…

Mais désormais il est seul, ce temps-là est bien loin.

C’en est fini de faire le clown, les spectateurs sont tous partis, et lorsque le rideau tombe il ne reste que lui.

Lui et ses démons, que l’alcool atténue en bon ami.

Seul, il est bien seul.

Les clowns n’ont pas vraiment d’amis.

Les spectateurs rient de ses blagues, les acrobates du cirque se moquent de lui. En réalité, aucun d’eux ne connaît sa vie.

Seule et triste, je suis un clown triste.

@andreajinycloud – 18/02/2011