Journal de confinement

En temps de guerre

La nature revêt ses habits de printemps,
les fleurs ont poussé d’un coup,
ou peut-être est-ce moi qui fait plus attention.
Les oiseaux gazouillent à longueur de temps,
le trafic fait place au silence, c’est reposant.
Je culpabilise presque d’apprécier ces moments,
en temps de « guerre ».

Le pire je crois, c’est la peur.
Je ne m’inquiétais pas jusqu’à ce qu’on m’en parle,
qu’on insiste,
qu’on panique,
jusqu’à ce que je vois les articles, les réseaux,
la gorge a commencé à gratter,
j’ai commencé à paranoïer.

Appel à la solidarité,
comment se positionner,
son rapport aux autres, son rapport à soi,
mes défenses, la protection.

Vulnérable.
sans étalage de vie privée, personne ne sait.
Ça fait longtemps mais,
j’ai toujours pas trouvé comment caser naturellement le fait d’être malade chronique dans une conversation ordinaire.
C’est con,
j’ai toujours peur que les gens partent en courant.
C’est pourtant pas arrivé souvent.

@andreajinycloud
Avril 2020

Confinés

Ça parait irréel.
Je n’ai plus à m’adapter au reste du monde, c’est lui qui s’adapte au mien.

On voit la maladie comme un malheur, une fatalité.
Moi, j’ai appris à y voir le positif.
Grâce à elle, je sais déjà être seule,
occuper mon temps d’activités qui m’enrichissent.

La plupart des gens n’aiment pas être seul.
Y’a quelque chose d’angoissant dans le fait d’être face à soi,
rien que face à soi.
Personne pour vous faire penser à autre chose,
combler un sentiment de vide, comme si l’on ne se suffisait pas,
besoin d’exister à travers l’autre.
Mais dans le groupe, on s’oublie.
Seul, on se trouve.

J’étais de ceux que la solitude angoissait,
j’ai appris à apprécier ma propre présence.
Voir ce que je ne voulais pas voir,
laisser venir les pensées,
accueillir l’ennui comme un espace de liberté,
choisir dans quoi mettre mon énergie.
Ça a pris du temps, c’est à force de répétition que j’ai compris.

@andreajinycloud

19/03/2020