Derrière les strates

C’est le moment de la sortie qui est difficile. Ce moment inconfortable entre l’avant et l’après, quand tout est à redécouvrir, que le sol semble fondre sous vos pieds. Quand la pierre et la guimauve vous constituent. Il faudrait s’endurcir mais tout ce que vous faites, c’est vous recroqueviller. Vous n’en parlez pas, peu ou sans arrêt, selon qui est là pour écouter. Parfois, vous croyez être forts puis, un rien vous fait vous effondrer.

J’ai pris le pli de tout cacher. Il n’est pas possible de me connaître, m’approcher de trop près. J’apparais, je disparais. J’écoute et je questionne, ça m’évite de trop en dire, prendre le risque de pleurer. Les gens adorent parler. La plupart le font sans vraiment vous regarder, ils parlent pour eux sans se demander ce que ça vous fait.

Je cours après l’amour d’aveugles à qui je suis, comme je le faisais avec eux. Un jour j’ai abandonné. Je me suis tue au lieu de dire le mal. Et boire au milieu des autres ne me fait pas me sentir mieux. C’est pire. Ils parlent et rient plus fort et moi je m’enterre, comme si j’étais ma propre tombe. C’est con, j’ai l’impression d’avoir de nouveau 14 ans ce soir. Je croyais m’en être sortie mais, je n’ai pas vraiment changé au fond. J’ai juste posé des couches par-dessus. Il fallait grandir.

Voir, vivre, penser à autre chose. Les expériences nouvelles peuvent faire office de pansements. Il faudrait les renouveler sans cesse, je ne le fais pas assez. C’est pour quoi j’en reviens toujours au même point. Désagréable impression d’avoir manqué mon train. Il ne suffit pas de s’engouffrer dans un wagon et de le laisser filer jusqu’au terminus. Y’a des correspondances à prendre, prendre les bonnes nécessite un minimum de présence. Moi, je suis trop souvent dispersée en ayant l’air d’être là.

@andreajinycloud
07/09/2020

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